• THEME 4

    THÈME 4 : POUR UN SYNDICALISME RÉNOVÉ,

    OUTIL DE DÉFENSE ET DE PROMOTION

    DE L’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL PUBLIC

    ET DE SES PERSONNELS

     

     

    La mondialisation capitaliste a engendré une crise à la fois économique, financière, sociale, écologique et sanitaire. Libéralisation des échanges, financiarisation de l'économie, marchandisation des services publics et de la protection sociale entraînent partout des régressions sociales majeures : salaires comprimés, conditions de travail dégradées, statut du salarié démantelé, chômage, précarisation et paupérisation croissantes, mal-logement... Le système capitaliste se fonde sur la loi du profit maximum générant inégalités et injustices sociales. Cette crise renforce l’urgence d’une profonde transformation sociale : le syndicalisme a un rôle essentiel à y jouer par les valeurs qu’il défend.

    Pour le SNUEP-FSU, la défense des personnels est étroitement liée aux problèmes de société. Les luttes contre la réforme des retraites, contre la casse des services publics, contre le recul des droits et des libertés confirment cette orientation syndicale dans un contexte politique qui s'attaque à tous les droits sociaux issus du compromis social et des luttes de l'après-guerre.

    Dans ce cadre, quelle stratégie développer pour amener le SNUEP-FSU à peser dans les débats ?

     

    I. QUEL SYNDICALISME POUR DEMAIN DANS L’ENSEIGNEMENT  PROFESSIONNEL ?

     

    I.1. Des forces syndicales en France

     

    I.1.1. Le mouvement syndical et la politique menée par le président de la République et son gouvernement

    La politique actuelle gouvernementale s'opère par des passages en force systématiques. Les « réformes » impulsées par l’Union Européenne, actées notamment par le traité de Lisbonne, sont menées à très grande vitesse, sans négociation avec les organisations syndicales. Ces réformes transforment en profondeur le modèle social français, en sapant les acquis sociaux basés à l’origine sur des systèmes et des valeurs de solidarité. En effet, la volonté de privatiser et de marchandiser tous les services publics est une caractéristique prégnante dans toutes les contre-réformes et participe de l’idéologie libérale.

     

    I.1.2. Le syndicalisme français : unité d’action, divisions et débats sur la stratégie

    Au printemps 2009, la réunion des syndicats en intersyndicale a permis de mobiliser des millions de salarié-es. La stratégie de compromis des journées d'action espacées et à répétition n'a pas débouché sur la satisfaction de nos revendications.

    La pérennisation de cette intersyndicale (CFDT, CFE/CGC, CFTC, CGT, FSU, SOLIDAIRES, UNSA) a aussi permis la construction de la lutte contre la réforme des retraites, avec 8 journées de manifestations massives en 2 mois et des grèves reconductibles et ponctuelles.

    L’unité d’action reste un facteur de mobilisation important dès lors que les revendications et les formes d’action proposées répondent aux attentes des salarié-es et qu’elles permettent une poursuite de l’action.

    Si les différences d’orientation sur la façon de mener l’action et d’articuler actions et négociations ont pu être dépassées pour aboutir à des décisions communes (plate-forme revendicatives, initiatives…), elles n’ont pas permis de construire une dynamique suffisante pour réussir. Ce mouvement social, inédit dans son ampleur mais aussi dans ses rythmes, sa durée, ses formes d'action (grèves ponctuelles, reconductibles, stratégies de blocage…) et l'adhésion massive de la population n'a cependant pas permis de faire échec au gouvernement. De plus, la dynamique de certains secteurs (raffineries, transport…) ne doit pas occulter la présence plus relative de l'Éducation nationale, malgré les attaques majeures subies dans ce secteur ces dernières années.

    Dans ce contexte, nous devons nous poser la question de l'absence de la mobilisation massive des enseignants, victimes de réformes majeures qui bouleversent l'ensemble du système éducatif, et qui pourtant avaient su être moteurs lors du mouvement de 2003.

    Le débat se poursuit entre syndicats, non seulement sur la stratégie à mettre en œuvre pour faire aboutir les revendications, mais aussi sur la conception du rôle du syndicalisme dans une logique de transformation sociale de la société favorisant la satisfaction des besoins sociaux et le renforcement des solidarités.

    L'attachement des salarié-es à la recherche de l'unité s’appuie sur un souci de convergences mais aussi d'émergence des questions propres à leurs secteurs. Il ne faut pas en occulter les difficultés et notamment celles de la maintenir avec une plate-forme claire et autour de modalités permettant de rassembler et d'engranger des résultats. Elle n'a évidemment de sens que si elle se donne ces objectifs. Elle nécessite de travailler les articulations entre mouvements sectoriels et configurations plus larges.

    Dans un souci de rassembler et mobiliser sur des perspectives communes, le SNUEP-FSU œuvre avec la FSU à créer un rapport de force nouveau avec un axe FSU-CGT-Solidaires. Tout en restant attaché à son propre développement, le SNUEP-FSU prendra des initiatives communes de débats et développera un travail régulier en confrontant notamment plateformes revendicatives et pratiques syndicales. Il a la volonté de l’ouvrir à toutes les organisations syndicales qui le souhaitent.

    Dans le même temps, il faut développer un travail d'explications et de conviction sur les revendications sur les modalités d'action décidées mais aussi sur les enjeux d'un « tous ensemble ». Il doit se faire en direction des salarié-es concerné-es mais aussi des parents d’élèves, des usager-es et des citoyen-nes, y compris en s'adressant aux associations et aux organisations politiques en menant le débat d’idées et en cherchant à construire des alternatives.

    L'unité d'action n'est pas une fin en soi. Elle ne saurait se traduire par la paralysie du mouvement induite par des plates-formes revendicatives et des actions minimalistes. Et, dès lors que les conditions en sont réunies, la FSU et ses syndicats se doivent soit de prendre seules leurs responsabilités, soit d'être partie prenante de configurations réduites sur des revendications affirmées et une stratégie plus déterminées sans exclure a priori des formes d’actions et en ayant le souci de renforcer la dynamique de mobilisation pour défendre les acquis des personnels et promouvoir la voie professionnelle initiale publique.

     

    I.1.3. L'ampleur des attaques contre notre modèle social, les attentes des salarié-es encore accrues dans le contexte de crise amènent toutes les organisations syndicales françaises aujourd’hui à se poser les questions de formes nouvelles de travail commun, d’unité voire de l’unification de leurs forces pour un syndicalisme plus efficace. Dans ce cadre, l’hypothèse d’une extension du champ de syndicalisation de la FSU qui se transformerait en confédération a été régulièrement rejetée par nos congrès ; elle n’est plus d’actualité.

    Aujourd’hui, le SNUEP-FSU doit poursuivre le mandat de rechercher des formes d’unité syndicale les plus larges, rappelant son objectif d’unification, à terme, du mouvement syndical, et a pris des initiatives dans ce sens, posant de fait la question d'un dépassement de l'autonomie.

    Le SNUEP-FSU s’engage dans une dynamique sur la base d'objectifs clairs : il s'agit de contribuer, dans le respect de l’indépendance syndicale, au développement d'un syndicalisme de lutte de masse et de transformation sociale progressiste, à vocation majoritaire, et de donner une impulsion nouvelle à la syndicalisation.

    Il entend contribuer activement à construire un nouvel outil syndical en faisant participer les syndiqué-es à tous les débats et à toutes les phases de cette construction. Ceux-ci doivent pouvoir à chaque étape, être informé-es, débattre et exprimer leur position afin d’être acteur-actrices de l’ensemble de ces débats et des choix qui pourraient en découler à terme.

     

    I.1.4. L’état des forces syndicales

    Taux de syndicalisation faible et éparpillement marquent le syndicalisme dans notre pays. Il peut afficher cependant une forte capacité mobilisatrice, comme en témoignent les mobilisations sur les retraites de 2010.

    Globalement pour les trois versants de la FP, où le taux de participation est aussi fort que celui des élections CE/DP (comités d’entreprise/délégués du personnel), la FSU (11,5%) arrive en 4e position derrière Cgt, Cfdt et Fo. Mais que ce soit dans l’un ou l’autre secteur, l’audience du 1er syndicat ne dépasse pas les 25%.

     

    I.2. L’état des forces syndicales dans l’éducation

     

    Depuis de nombreuses années le mouvement syndical, en France, que ce soit dans le privé ou la FP, subit une forte érosion en terme de syndicalisation. Si pendant quelques années, le monde enseignant semblait épargné, force est de constater que ce n’est plus le cas aujourd’hui.

    Concurrence, individualisme, hiérarchisation des rapports entre collègues participent aussi de leur faible implication dans les luttes. Nous devons inverser cette tendance, gagner la bataille culturelle pour revenir vers des valeurs de solidarités, collectives.

     

    I.3. L’état des forces syndicales dans l’EPP : vers de nouveaux horizons ?

     

    Les premiers effets de la loi sur le dialogue social dans la FP se font déjà sentir. Nous assistons depuis quelques mois à des bouleversements dans le paysage syndical de l'enseignement professionnel. Cette loi va inévitablement confronter notre syndicat aux questions de rapprochement, de recomposition… Ainsi Action et Démocratie venu d’une nouvelle scission du snetaa s’inscrit dans le paysage déjà bien fragmenté du syndicalisme en lycée professionnel ; le snetaa-eil a rejoint FO pour devenir le snetaa-FO ; la CGT Éduc’action a écrit à tous les syndicats enseignants pour « ouvrir des discussions, avec toutes les organisations syndicales qui le souhaitent, sur les questions d’unité et d’unification syndicales ».

    Le syndicalisme dans l’enseignement professionnel souffre de plusieurs difficultés : taux de syndicalisation faible, morcellement syndical, capacité de mobilisation réduite. Les « dérives » financières de certains syndicats, notamment du snetaa, son soutien au gouvernement pour la mise en place de la réforme du Bac Pro 3 ans, et la nouvelle scission intervenue en son sein, peuvent entraîner un désabusement certain chez un grand nombre de collègues et le départ d'un nombre non négligeable de syndiqué-es.

    L'exclusion d'un certain nombre de ses cadres, du fait de leur dénonciation des pratiques de la direction mais aussi de sa ligne syndicale, et la création par ces derniers d'un nouveau syndicat de l'enseignement professionnel, « Action et Démocratie », posent la question de la stratégie à mettre en œuvre pour regrouper les PLP, et tout particulièrement les jeunes, autour du SNUEP-FSU.

    Autour de ces changements, la question de l'avenir du syndicalisme dans l'enseignement professionnel est posée. Et tout d'abord du syndicalisme que nous voulons et des stratégies à mettre en œuvre pour y parvenir.

    Le SNUEP-FSU propose un syndicalisme qui lie la défense des intérêts des personnels de l’enseignement professionnel et leurs revendications, à la question de la transformation sociale et de ses problématiques attachées. Le SNUEP-FSU rejette toute forme de syndicalisme d'appareil géré au sommet par des permanents syndicaux à vie, coupés des réalités quotidiennes du terrain, et se prononce pour un syndicalisme démocratique proche des syndiqués et à leur écoute. Dans ce cadre, le SNUEP-FSU s’engage à mettre tout en œuvre pour améliorer et amplifier les luttes initiées par sa base. Nous défendons un syndicalisme de masse, de progrès, de propositions et de luttes. Nous promouvons la défense des droits et des intérêts des femmes et luttons contre toutes les discriminations.

    Le SNUEP-FSU ne se reconnaît pas dans un syndicalisme uniquement centré autour de la défense du métier, qui se satisfait de négociations à la marge, en accompagnant les « reformes » ministérielles, coupé du mouvement social.

    C'est en respectant cette orientation syndicale que doit se poser la question du rapprochement syndical et plus largement de la recomposition syndicale dans l'EP.

     

    L'enjeu du syndicalisme dans l'enseignement professionnel aujourd'hui ne saurait se réduire à rebâtir la force qui serait majoritaire dans son champ. Il réside bien au contraire dans la construction, tou-tes ensemble au plus près de la profession d’un syndicalisme suffisamment fort et combatif pour porter les revendications des collègues et être à la hauteur des batailles et des enjeux sociétaux présents et à venir.

     

    Le U de notre sigle a un sens : la vocation Unitaire de notre syndicat doit nous permettre de rassembler le plus largement possible la profession. Le SNUEP-FSU peut et doit être le syndicat qui, de par sa vocation unitaire, inscrite dans ses statuts, œuvre avec ses militants à cette nécessaire recomposition afin de construire un syndicat spécifique de l’enseignement professionnel dans la 1ère fédération de l’EN.

    Le SNUEP-FSU a beaucoup plus à offrir : sa spécificité, ses mandats pour la défense de la voie pro (et qui n’ont jamais été trahis), ses pratiques démocratiques validées par ses instances, son adhésion aux valeurs défendues par la FSU (1ère fédération de l’éducation et aussi de la FP d'État).

    Le SNUEP-FSU doit faire valoir ce qui fait sa force aujourd’hui : la défense de l’enseignement professionnel public et laïque dans l’intérêt des élèves et des familles, et notamment le combat mené contre la généralisation du Bac Pro 3 ans et la casse de la voie professionnelle. Le SNUEP-FSU a toujours eu une position ferme et déterminée pour la défense de la voie pro en s’opposant à l’apprentissage mais aussi au lycée des métiers. Cette démarche est un vecteur de rassemblement aujourd’hui nécessaire vu les attaques que nous subissons.

    Le SNUEP-FSU, sur la base de ses mandats, de ses statuts et de son ancrage dans la FSU, doit construire pour tous les PLP un syndicat fort et majoritaire, accueillant tou-tes les militant-es et les adhérent-es d’autres organisations qui souhaitent le rejoindre, sur la base de nos valeurs et de nos mandats, pour éviter un nouvel émiettement du paysage syndical dans les LP, SEP, SEGPA, EREA.

    Cet apport de nouvelles et nouveaux adhérent-es et militant-es permettra de renforcer notre activité, en travaillant ensemble à poursuivre le développement  d’un outil syndical efficace consolidant le SNUEP-FSU, tant dans un cadre académique que dans un cadre fédéral, au sein des instances (CTP, CDEN, CHS, etc…).

    ZOOM

    LE DROIT SYNDICAL

     

    LE DROIT SYNDICAL REMIS EN CAUSE

     

    Au-delà de la criminalisation de l’action syndicale, le SNUEP-FSU constate au quotidien des entorses régulières au droit syndical.

    Au niveau local, l’administration s'affranchit de manière de plus en plus fréquente des règles élémentaires qui régissent les conseils d’administration : elle ne les réunit pas ou ne diffuse pas les documents préparatoires.  La mise en place d'échelons décisionnels intermédiaires brise la légitimité des élu-es du personnel et de leurs organisations syndicales, pour la déléguer à des structures non élues comme le conseil pédagogique - dont les membres sont nommés par les chefs d’établissements qui concentrent de plus en plus de pouvoirs.

    Le SNUEP-FSU dénonce les entraves au droit syndical de plus en plus nombreuses et appelle tou-tes les collègues à faire vivre ce droit tel que défini par le décret du 28 mai 1982 relatif à l'exercice du droit syndical dans la fonction publique. Entre autres, l’Heure Mensuelle d’Information Syndicale (HMIS) doit être un lieu efficace pour débattre des problèmes locaux dans les établissements.

     

    Au niveau régional, le SNUEP-FSU demande à ce que les représentants syndicaux dans les instances CAP, CT, CCREFP, CAEN, CAFEN, etc. puissent bénéficier de décharge de service ou d’ASA (autorisation spéciale d'absence) pour en préparer les différentes sessions. Dans le même temps, le SNUEP-FSU exige que les administrations de l’Education Nationale ou des régions communiquent dans des délais raisonnables l’ensemble des documents nécessaires à la préparation des réunions ou des instances. Le SNUEP-FSU dénonce les pratiques antidémocratiques dont font preuve nombre de rectorats qui ne délivrent pas les documents en temps et en heure, ou qui les font parvenir de manière incomplète, ou les envoient uniquement par mel, ou encore qui ne les envoient pas du tout pour contraindre les représentants syndicaux  à  les découvrir en séance.

     

    PARITARISME

     

    Le SNUEP-FSU réaffirme son attachement au paritarisme, et aux instances paritaires, qui permettent d’exercer sur l’administration un contrôle démocratique. Le SNUEP-FSU réaffirme sa détermination à combattre toute remise en cause des principes, du rôle et du champ du paritarisme. Le maintien du contrôle paritaire sur tous les actes de gestion qui concernent les personnels (quelle que soit leur situation statutaire) est la garantie du respect des droits de chacun.

    Le SNUEP agira avec la FSU pour l’amélioration et l’extension du paritarisme et des droits des élu-es des personnels.

     

    DIALOGUE SOCIAL

     

    Le SNUEP-FSU s’interroge sur le pseudo dialogue social que mène le gouvernement depuis 2007.  Lorsqu'il daigne ouvrir des négociations (« rénovation » de la voie professionnelle, accord sur les non-titulaires...), il conditionne les discussions et leur suivi à la signature de protocoles, en contradiction avec les nouveaux cadres définis par la loi sur la représentativité et les accords de Bercy. Le SNUEP-FSU rejette cette méthode qui vise à exclure de facto des organisations représentatives dès lors qu’elles ne sont pas d’accord pour signer un protocole. Le SNUEP-FSU revendique le droit aux organisations syndicales représentatives de mener des négociations et de les suivre,  sans condition de signature.

     

    II. LE SNUEP ET LA FSU DEPUIS GRANVILLE

     

    Le congrès de Granville de 2008 avait décidé que le SNUEP prenne pleinement sa place dans les instances fédérales à tous les niveaux et participe activement aux délégations et aux commissions. Cette ambition fédérale a pu être menée partiellement grâce à l’investissement militant des secteurs du national, mais aussi grâce à celui des sections académiques.

    Durant ces 2,5 ans, le SNUEP-FSU national a été de plus en plus régulièrement associé aux travaux de la FSU.

    Le SNUEP-FSU a développé un travail sérieux et noué de nombreux contacts tout particulièrement avec les syndicats du 2nd degré de la FSU (Snes et Snep). Il a été sollicité régulièrement sur des sujets ou des dossiers (mastérisation, accompagnement personnalisé, CPC, violence scolaire, corpo, etc.).

    Le SNUEP-FSU a également investi les secteurs de la FSU, les Collectifs d’animation (éduc, femmes, orga, etc.), FDE, FPQE, CSE, CSFP… mais aussi plénières et commissions en CDFN. Sa présence régulière aux BDFN est aussi un élément de son travail actif dans la fédération.

    Dans la mesure de ses moyens, le SNUEP-FSU s’investit aux niveaux départemental, académique et régional dans ses champs que sont la formation et l’enseignement professionnels et porte également son effort sur des compétences plus larges en associant son travail de réflexion avec celui des autres syndicats de la FSU.

    Le SNUEP-FSU a également participé de plus en plus souvent à des colloques organisés dans un cadre intersyndical ou fédéral, à des rencontres, à des initiatives nationales et départementales, et à des audiences syndicales et ministérielles.

    L’année 2009-2010 a été marquée par la préparation et la participation du SNUEP-FSU au congrès de la FSU à Lille en février 2010. Ce travail a commencé dès le mois de juillet 2009 et s’est poursuivi jusqu’à la fin du Congrès. Les secteurs du SNUEP-FSU ont été associés à la rédaction du texte des thèmes : ils ont participé aux réunions de travail pilotées par les Collectifs d’animation de la FSU.

    Cette implication plus forte au niveau fédéral a engendré un accroissement du travail à réaliser, et la participation à un nombre plus important de réunions, d’audiences… avec un nombre de militant-es restreint-es. Les secteurs doivent être étoffés, dans la mesure du possible, avec des personnes qui peuvent s’y investir régulièrement pour poursuivre le travail fédéral ainsi entamé.

     

    III. SYNDICALISATION

    Le SNUEP-FSU est la 3ème force syndicale dans l’enseignement professionnel public. Cette place doit pouvoir être consolidée et améliorée. La défense des personnels associée aux questions sociales sont des orientations, des choix politiques qui ne peuvent que favoriser la promotion du SNUEP-FSU. Pour la développer, il paraît nécessaire de mettre l’accent sur certaines catégories dont le statut rend difficile l’implication dans le syndicat : les précaires, les stagiaires... Pour fidéliser les nouveaux syndiqué-es, il est indispensable de mettre en place des formations (régionales, nationales et fédérales) initiale sur nos valeurs et nos mandats et de diffuser la documentation nécessaire (mémento du secrétaire local, par exemple).

    Le développement du SNUEP, le renforcement de ses équipes syndicales, passe par la diversification de ses modes d'intervention . Réunions, stages de formation syndicale, mais aussi diffusion de tracts et d'affiches constituent des outils indispensables aux militant-es pour syndiquer et mobiliser.

    L’entrée dans le syndicalisme doit se diversifier :

    - l’aspect corporatif reste d’actualité avec la défense des carrières, avec les mutations. Le paritarisme se dégrade, et tout en augmentant notre représentativité dans toutes les instances paritaires, il faut lutter contre cette dérive. Un syndicalisme de lutte et de solidarité doit être consolidé pour faire face à un pouvoir décentralisé croissant des chefs d’établissement, qui imposent de plus en plus aux enseignant-es des tâches hors cadre d’enseignement.

    - le métier doit être au centre de nos préoccupations avec les conditions de travail, la précarité et la prise en compte des collègues en difficulté. La mission première de l’enseignant est la transmission des savoirs fondamentaux qui permet à l’élève de s’émanciper et d’assurer pleinement son esprit critique, s’adapter à notre société présente et future, favoriser l’épanouissement personnel, à travers des valeurs humanistes à caractère universel essentielles.

    - l’aspect sociétal, les discriminations, les droits des êtres humains, l’exposition de l’école au lobby libéral concernent directement l’enseignement professionnel, ses personnels et ses élèves.

    La globalisation de ces approches peut fidéliser les syndiqué-es en contribuant à une démarche militante et à une vision européenne ou mondialiste de propositions.

     

    IV. POUR UN SYNDICAT PLUS EFFICACE, POUR UN SYNDICALISME D’AVENIR

     

    Les personnels ont perdu la confiance qu’ils pouvaient accorder aux structures syndicales du fait de leurs différentes trahisons en 2000 (lycée des métiers) puis en 2008 (bac pro 3 ans).

    « La rénovation du dialogue social dans la fonction publique » a amené le SNUEP-FSU à réfléchir à nouveau au syndicalisme qu’il entend porter. Les scissions fédérales, les conflits internes puis les approches et divergences apparues à la suite des récents mouvements sociaux nous incitent à lancer un appel à tous les personnels de l’enseignement professionnel à rejoindre massivement le SNUEP-FSU.

    Des déserts syndicaux ont fini par s’installer dans certains EPLE. Le SNUEP-FSU se doit de regagner la confiance des collègues dans l’action syndicale en intervenant et faisant de la formation et/ou de l’information au sein des établissements.

     

    IV.1. Au niveau local et académique

     

    Le SNUEP-FSU doit s’opposer à la mise en place de tout type d’expérimentation (ECLAIR…) au sein des Conseils d’Administration.

    En l’absence de syndiqué-es dans les établissements, le SNUEP doit s’appuyer sur les réseaux des autres syndicats de la FSU : SNEP, SNES, SNUipp, etc. La section académique doit associer toutes les compétences, les motivations, les disponibilités afin de mieux répartir les responsabilités parmi les militants et d'élaborer des plans de travail collectifs. Cela passe par la formation syndicale des nouveaux militants et la réunion régulière des instances toujours dans un souci de renouvellement des cadres syndicaux. Le SNUEP-FSU doit travailler à élargir et renforcer sa base militante.

     

    IV.2. Au niveau régional

     

    Le SNUEP doit s’associer pleinement aux CFR FSU afin de peser sur les décisions des conseils départementaux et régionaux en matière de formation professionnelle notamment par rapport à l’apprentissage mais aussi pour obtenir les statistiques régionales. Le SNUEP-FSU doit revendiquer auprès de la FSU toute sa place dans les CCREFP et les groupes de travail associés.

     

    IV.3. Au niveau fédéral

     

    Le Congrès demande que la FSU nationale incite ses sections départementales à travailler le plus étroitement possible avec le SNUEP-FSU, pour œuvrer à la promotion et à la défense de l’enseignement professionnel public.

     

    IV.4. Pour favoriser et renouveler le militantisme

     

    Les femmes et les jeunes enseignants sont largement sous-représentés dans les instances syndicales alors qu’elles-ils constituent plus de la moitié des adhérent-es.

    Pour consolider les motivations militantes, le SNUEP-FSU doit :

    - favoriser à tous les niveaux de l’organisation l’implication de ces dernier-es

    - proposer, aux stagiaires en particulier, des stages relatifs à l’histoire des conquêtes sociales et du syndicalisme ;

    - les impliquer dans la vie syndicale de l’organisation à tous les niveaux de ses instances ;

    - développer la communication et les consultations avec les personnels, en particulier sur le plan pédagogique et s’attacher à reconstruire des pratiques de débats et d’action collective ;

    - mettre en œuvre les moyens adéquats pour que - conjointement aux mandats corporatifs nécessaires à la défense ainsi qu’au développement de la formation professionnelle initiale publique il/elles s’impliquent dans le mouvement social tant au niveau national qu’international ;

    - mettre en place des cadres et des dispositifs qui favorisent l’implication des collègues femmes dans la vie syndicale (prise en charge financière des frais de garde des enfants).

     

    IV.5. International

     

    Au sein de la FSU, l’activité internationale est une donnée de notre syndicalisme à l’instar des autres organisations françaises. La mondialisation néolibérale et, a fortiori, le contexte de crise économique, sociale, climatique mondiale actuel, renforcent la nécessité d’inscrire l’action du SNUEP au sein de la FSU au plan européen et international, pour construire des alliances avec des mouvements citoyens progressistes et amplifier le développement des rapports de la FSU avec les autres organisations syndicales au plan international.

     

    IV.5.1. L’international peut constituer un apport indispensable et un champ d’action nécessaire pour le SNUEP-FSU. La dernière période a vu une évolution du syndicalisme international vers une dynamique plus revendicative même si elle n'est pas encore à la hauteur des enjeux. La CES a organisé plusieurs euromanifestations en faveur de l'emploi et du pouvoir d'achat. La FSU et ses syndicats ont été partie prenante de campagnes de la CES comme celle en faveur des services publics.

    Le SNUEP-FSU doit s’efforcer de prendre davantage part aux initiatives existantes dans le cadre des différentes organisations européennes et internationales (comme le FSE, FSM et/ou la MMF etc.), et dans le cadre des mouvements sociaux mondiaux, pour travailler à la convergence des luttes. Le SNUEP-FSU s’engage à envoyer au moins un-e de ses militant-es au FSE.

     

    IV.5.2. Le SNUEP, avec la FSU, doit s’engager à l’international pour développer des solidarités et des partenariats entre les syndicats. Pour ce qui est des forums sociaux, le SNUEP-FSU a gagné par son implication sa reconnaissance dans la FSU lors d’actions internationales comme dans les forums sociaux, notamment en Europe. Il est à noter la présence du SNUEP-FSU au forum social d’Istanbul en 2010, qui a permis de porter ses mandats, notamment sur les questions relatives à l’enseignement professionnel. Il est donc important que le SNUEP-FSU continue à investir avec la FSU ces lieux de rencontre. La participation du SNUEP-FSU à la marche mondiale des femmes en 2010 est également un élément de l’implication du syndicat dans la fédération pour sa représentation à l’international.

     

    IV.5.3. Adhésion à l’Internationale de l’Education

    Pour porter ses mandats, le SNUEP-FSU doit prendre toute sa place dans l’Internationale de l’Éducation avec les autres syndicats de la FSU (SNES, SNEP, SNCS et SNUipp). L’adhésion à l’Internationale de l’Éducation permettrait au SNUEP-FSU de participer à ses instances européennes et mondiales, afin de confronter ses orientations à celles d’autres organisations d’enseignants et d’éducateurs, et de s’informer sur l’ensemble des politiques européennes et les problématiques mondiales. Cette adhésion a un coût (2 euros environ par adhérent).

    Le congrès du SNUEP-FSU mandate le Bureau National pour mener une étude quant à l’éventuelle adhésion à l’IE afin d’en cerner tous les aspects et d’en informer les adhérents. Ces derniers pourront alors se prononcer lors d’un vote d'ici septembre 2012.

    ZOOM

    SOUFFRANCE AU TRAVAIL

     

    Affronter la souffrance au travail est un enjeu majeur pour le mouvement syndical

    Les symptômes du mal-être au travail sont de plus en plus nombreux et inquiétants : suicide, tentatives de suicide, dépression grave, consommation de médicaments, pratiques addictives. Les média s’en font régulièrement l’écho. Tous les secteurs d’activité et toutes les professions sont touchés : le métier d’enseignant ne fait pas exception.

     

    Le métier d’enseignant est un métier isolant et individualisant

    Chacun-e se retrouve seul-e confronté-e à sa souffrance. Syndicalement, il faut mutualiser les difficultés vécues individuellement et y apporter des réponses collectives. Pourtant, la souffrance au travail a du mal à être rendue publique ; la réponse de notre hiérarchie est d’individualiser les situations, de les nier et de culpabiliser les collègues. Les causes de cette souffrance sont pourtant identifiables :

    - les consignes contradictoires contenues dans la multiplication des réformes

    - l’empilement des tâches dont beaucoup n’ont pas de fonction pédagogique, alourdit la charge de travail

    - l’allongement de la durée du travail

    - la dégradation des conditions de travail

    - la précarisation

    - l’autoritarisme qui accompagne la transformation du métier

    Tout cela conduit à une perte de sens de notre travail et empêche les personnels d’effectuer leur métier correctement, ce qui entraine de la souffrance, pas toujours consciente et de l’inquiétude quant à l’avenir personnel et professionnel de tou-tes.

     

    Rendre visible l’invisible

    La difficulté des enseignants est de rendre visible la réalité totale de leur travail, prendre conscience de sa spécificité et de son coût humain.

    La priorité est de réaliser et de faire prendre conscience que la souffrance au travail n’est pas exceptionnelle et n’est pas un cas particulier isolé.

    Il n’existe pas de cadre satisfaisant pour exprimer cette souffrance. Les obstacles pour l’exprimer sont dans la pression hiérarchique qui rend l’enseignant responsable de ses difficultés, mais aussi parfois la difficulté à accepter le regard des autres collègues sur son travail.

    Notre responsabilité syndicale n’est pas seulement d’accompagner les collègues qui souffrent, mais aussi de libérer la parole pour sortir du cas individuel. Il est nécessaire de mutualiser les expériences pour mettre en œuvre des résistances collectives.

     

    Soigner le travail et non pas les salarié-es

    Depuis la loi de 2009, les CHSCT départementaux, académiques, et national sont des lieux pour intervenir dans le domaine de la santé, la sécurité et les risques du travail.

    L’élaboration du Document Unique dans les établissements doit être l’occasion d’évaluer les risques au travail en ce qui concerne les installations, les locaux, le matériel ou les pratiques, mais aussi les violences et les pressions psychologiques. Notre responsabilité syndicale est de veiller à l’élaboration de ce document avec l’ensemble des personnels dans nos établissements et nos équipes pédagogiques.

    Au-delà, il nous incombe de briser la loi du silence et l’isolement de chacun face à la souffrance vécue.

    Nous ne partons pas de rien, car depuis 2006, la FSU et l’institut de recherche de la FSU se penchent sur la souffrance au travail en organisant des stages nationaux, départementaux, régionaux, locaux avec l’ensemble des syndicats de la FSU et des chercheurs pour confronter les expériences, notamment avec nos collègues de Pôle Emploi, ce qui est une source irremplaçable d’information qui nous permet d’être à l’offensive sur ce dossier.